- Je
voudrais que mon crâne soit comme une chapelle
- Abandonnée
perdue au fond d'un val touffu
- On entend
bourdonner une mouche une abeille
- Et l'on
croît deviner des sourires aux statues
-
- Je
voudrais que mon cœur soit comme un feu dans l'âtre
- Qui
rougeoie dans la nuit avec sa bonne odeur
- Dans les
tisons l'on voit un mystérieux théâtre
- De
masques de chevaux de rires et de fleurs
-
- Je
voudrais que mon corps soit une goélette
- Qui danse
en s'amusant sur la crête des flots
- A la
proue le beaupré se moque des tempêtes
- Tous les
vents sont amis de ce fringant rafiot
-
- Je
voudrais que mes mains sachent guérir les peines
- De tous
ces fronts brûlants les enfants affolés
- Ce pauvre
homme qui pleure et cette bohémienne
- Au milieu
des bagnoles et comme hallucinée
-
- Je
voudrais que mes yeux comprennent la lumière
- Qui dore
toutes choses du long manteau de Dieu
- Les
paupières fermées plus loin que la prière
- Embrasser
d'un regard le profond puits des cieux
-
- Je
voudrais que mon âme demeure la fidèle
- De ce
chant lumineux en enfance jailli
- Qu'au
silence épanoui elle file comme une aile
- Vers le
grand rendez-vous du soleil de la Nuit